9 Août 2017
Voici une question bien pertinente. Qui suis-je artistiquement parlant ? C'est sur ce thème que je vais travailler cet été. Savoir qui je suis pour savoir ce que j'aime faire.
Le but de ma démarche est de me "libérer". Côté patchwork, je l'ai fait, spontanément, il y a 5-6 ans, mais pour la broderie, ce n'est pas du tout pareil. J'ai des acquis qui se heurtent à mes envies. Beau programme non ?
Comme je le disais, pour savoir ce que j'aime, je me suis dit que je devais savoir d'où je venais, ce que j'avais reçu en héritage. Très vite l'idée un livre textile est apparue comme une évidence. Ainsi je vais devoir fabriquer des pages, qui vont m'amener à réfléchir ET à trouver ma fibre artistique.
Je vous présente donc aujourd'hui la première page de mon futur livre. Elle parle de mes grand-parents. Ils sont souvent ceux qui apportent du savoir, du temps et de la patience. Cependant, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup à raconter sur mes grand-mères.
Voici donc l'explication de texte de cette première page.
La partie droite parle de ma grand-maternelle et celle de gauche de ma grand-mère paternelle.
Donc, coté grand-mère maternelle, j'ai utilisé comme support une serviette qu'elle avait brodée. Elle faisait partie d'un ensemble nappe et serviettes que j'utilise toujours. Alors j'ai sacrifiée l'une d'elle qui était élimée, ainsi je me dis qu'elle continuerait à vivre et à parler de son histoire et de celle de ma grand-mère.
Il y a donc ses broderies, car elle était très manuelle, ainsi que des boutons de nacre qu'elle avait gardé. Elle conservait tout, absolument tout. Le grenier était une vrai caverne d'Ali Baba où je passais des heures à farfouiller.
L'étiquette pour l'eau de Cologne !!! Ah ça c'est quand on faisait des toilettes de chat, comme elle disait. Avec un gant qu'elle imbibait d'eau de Cologne, elle me débarbouillait le visage et me frottait le corps et hop hop je pouvais partir m'habiller et commencer ma journée de petite fille. J'ai aussi choisit cette étiquette car elle représente un peu le style Art Déco qui régnait dans la maison de mes grands-parents. Quand j'étais chez eux je croyais être chez des personnes bizarres. Il y avait la soupière en forme de chou, le canapé de style scandinave, comme ceux qui ont la côte actuellement, l'armoire avec sculptures de roses à vous couper le souffle et des lignes bien droites pour structurer le tout. Et au milieu de ce joli bric-à-brac, trônait un magnifique et très fourni bouquet de fleurs en plastique !!!
Mamie adorait les fleurs et jardiner. Elle passait du temps à préparer ses semailles. C'était toujours les mêmes fleurs, plantées au même endroit, bien alignées, pour former, vue de haut un motif. Voilà pourquoi mes deux fleurs, des oeillets d'Inde, semblent rigides et toutes seules ;-)
L'arbre est sur une toile de Jouy. Il y en avait dans la salle de bain. Elle fermait une petite étagère. Je pouvais passer des heures à regarder les motifs que je trouvaient hyper kitch ! Si Mamie savait que maintenant je les rebrode !
Cet engrenage parle de mon grand-père. Oui il avait un peu sa place sur cette page ! C'est lui qui m'a appris comment ouvrir les huitres, comment faire fonctionner un appareil photo. Et c'est lui qui a tenu absolument à m'offrir une montre quand j'avais ???? Je ne sais plus quel âge, mais autour des 10 ans, ou peut-être 8. Il était aller la choisir seul et je l'ai porté très très longtemps. Elle était fine et féminine. Et c'est lui qui m'a montré comment en prendre soin.
Et pour finir il y a les roses. Elles étaient rouges velours avec un parfum que je n'ai jamais oublié ni retrouvé, qui pouvait embaumer une pièce plusieurs jours durant. Elles formaient une tonnelle le long de la maison. J'en avais peur, car les épines sur les branches les plus anciennes étaient grosses comme le pouce. Je ne comprenais pas que l'on puisse être si belle et si dangereuse. Je ne m'en approchais jamais !!!
La partie gauche évoque ma grand-mère paternelle. Cette page rassemble principalement des moments familiaux chauds à mon coeur, des habitudes, des coutumes, bref les règles non dites.
Il y a l'heure du thé. A chaque réunion de famille, l'heure du thé était un nouveau prétexte pour être rassemblé. Assis tous autour d'une grande table, chacun un bol de thé devant lui, et la boite à sucre qui passe de mains en mains. On discute de tout et de rien, on reprend des discutions du repas ou on continue le sujet entamé dans le jardin. Bref c'était la pause avant de repartir chacun chez soi, en attendant les prochaines retrouvailles.
Il y a les dimanches en famille. C'était un impératif, un incontournable, presque une obligation consenti par toutes les parties. Pépé et Mémé avaient eu 4 enfants, une grande famille et ils tenaient à garder les liens. Souvent ça ce passait chez Mémé, mais c'était à tour de rôle avec mes tantes. Les adultes discutaient, Pépé et Tonton Jean-Louis faisaient une partie d'échecs et nous les enfants, nous jouions. La maison et ses extérieurs étaient notre terrain de jeux. Je me souviens des 2 hortensias dans le jardin, c'est ce que tente d'évoquer mes petites crottes bleues en bas de la photo ;-)
Ici nous découvrons la silhouette de la chaine des puys. Les vacances étaient aussi en famille et en Auvergne. Après plusieurs années, une de mes tantes avait acquis une petite maison en ruine pour nous accueillir tous. Chacun mettait la main à la pâte pour réhabiliter le lieu. Pour moi et mes cousines c'était un vrai paradis.
Une bonne surface est consacrée à Noël, car ce sont des souvenirs inoubliables. Je souhaites à chaque enfant de connaitre une fois dans sa vie des Noëls comme j'ai vécu. C'était magique, féérique et pourtant tellement simple, c'est surement ça l'esprit de Noël. Mes tantes passaient des journées à confectionner des gourmandises qui étaient disposées ça et là dans la maison, ainsi que de jolies robes pour mes cousines. Nous avions le droit à tout sans restrictions. Il y avait l'apéro avec des chants ou musiques de circonstances, et puis tout le monde s'asseyait autour de la grande table. Il y avait les incontournables gastronomiques, de plus ou moins bonnes qualités, mais ce n'était pas ça l'important. En effet, ce qui comptait c'était d'être ensemble et que les adultes s'assurent de transmettre l'imaginaire et la magie de Noël.
Enfin, il y avait le jardin ! Il y avait des plants de groseilles de toutes les couleurs : rouges, roses, blanches.... Quel bonheur de pouvoir chaparder aux grès de nos jeux d'enfants ces gourmandises chauffées par le soleil...
A l'issu de ce travail je réalise qu'elles ont été complémentaires (mes grand-mères !). L'une m'a appris les travaux d'aiguilles, le goût de chiner et de garder les choses, le parfum des roses, l'amour de cuisiner et l'art. L'autre ne m'a rien appris de tangible, elle m'a transmis l'appartenance à un clan, à une famille, le plaisir des choses simples, le bonheur d'être ensemble et de transmettre des valeurs.
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fanny broderie 11/08/2017 13:54
Les3sardines 11/08/2017 14:24
Tante Lucie 11/08/2017 12:03
Les3sardines 11/08/2017 13:26
Cocopatch 10/08/2017 21:59
Les3sardines 11/08/2017 07:25
Béatrice 09/08/2017 11:32
Les3sardines 09/08/2017 12:26